La Tradition

La Tradition

 

Ce mot désigne de manière sympathique tout ce qui peut se rattacher aux arts, à la culture et à la gastronomie. Il qualifie simplement la notion de « transmission ».

image tradition du mariageDans l’Eglise existe une tradition écrite représentée par la Bible et une tradition orale qui a été au fil du temps consignée par les écrits de pères de l’Eglise, les conciles, les encycliques des papes.

Les traditionalistes entendent garder ce dépôt reçu de l’Eglise catholique.
Ils restent résolument attachés à la Messe codifiée par Saint Pie V et qui remonte aux premiers temps de l’Eglise. La Messe est le renouvellement non sanglant du sacrifice du Christ sur la Croix. Or depuis le Concile Vatican II, elle tend à être une simple commémoration, un souvenir de la Cène dont il faut « faire mémoire ».

De même la Tradition est attachée au catéchisme du Concile de Trente. Elle défend les sacrements contre toutes les interprétations et déformations dont ils font l’objet actuellement. Elle maintient que s’en couper c’est se couper de la Grâce qui vient de Dieu.

La Tradition maintient à la fois la liturgie, et l’enseignement de l’Eglise tels que l’ont connu les grands saints comme sainte Jeanne d’Arc, le Curé d’Ars, la petite et la grande Sainte Thérèse. Elle refuse l’évolutivité des dogmes et la dilution du catholicisme dans une religion mondiale.

Les Traditionalistes rendent responsable le Concile Vatican II d’une véritable révolution dans l’Eglise. Laquelle a entraîné l’effondrement du culte, des vérités de Foi, l’implosion du catholicisme avec la laïcisation des institutions politiques. Ils demandent le retour à la Tradition qui assure le salut des âmes depuis toujours mais aussi l’équilibre social dans le respect des commandements de Dieu donnés à Moïse sur le Mont Sinaï.

Sans relache les traditionalistes dénoncent l’effondrement de la morale naturelle qui s’impose à tout homme même en dehors des religions. Pire encore, le pouvoir civil n’hésite pas participer à la destruction de ces valeurs: l’avortement, l’homosexualité, les divorces, les suicides sont encouragés publiquement.

Il est évident que le mal-être de notre société est bien caractérisé par le fait que les Français sont les surconsommateurs mondiaux des médicaments tranquillisants, de la drogue et de l’alcool. Ce mal-être ne pourra être enrayé que par un retour aux plus élémentaires valeurs du christianisme : le respect de la vie, le respect des biens d’autrui. Tout ceci devant être appris dès la plus tendre enfance. Et cela ne pourra être fait que l’éducation religieuse du catéchisme.


Face à une civilisation décadente, les traditionalistes se regroupent. Et leur influence ne fait que croître, malgré l’ostracisme délibéré entretenu contre eux notamment au niveau des médias qui n’hésitent pas à les ridiculiser. C’est oublier simplement qu’ils ont les promesses de la vie éternelle. Et que pour cette raison, ils ne seront jamais abandonnés.

 

HISTOIRE DE LA TRADITION CATHOLIQUE A BOULOGNE-SUR-MER

 

Un combat de quarante ans !

Boulogne-sur-mer est une ville de 43.000 habitants. Riche en histoire, le culte de la Vierge nautonière s’est perpétué avec des hauts et des bas durant 14 siècles jusqu’à nos jours. Virgile qualifiait les Morins, les Gaulois de la région, de extremi homines : les hommes du bout du monde.

Cette petite ville se singularisera, dans le combat pour la défense de la foi catholique, par une publication du nom de LUMIERE et in tenebris lucet. Une lumière qui luit dans les ténèbres. Un groupe de catholiques a le pressentiment que le concile va être un désastre pour l’Eglise. C’est ainsi que, dès 1962, paraît ce mensuel ronéotypé d’une douzaine de pages. Il est envoyé gratuitement à tous les prêtres du diocèse d’Arras. Les articles sont courts, percutants. Mais au fur et à mesure que se développent les ferments de la révolution dans l’Eglise, Lumière se radicalisera. Prenant volontiers un ton provocateur, il s’en prend violemment à toutes les modifications qui interviennent, tant au niveau de la doctrine que dans la liturgie. La publication a fort à faire : en effet l’évêque du diocèse, René Huyghe sera une des chevilles ouvrières du Concile et le fera basculer, notamment avec le cardinal Liénart de Lille, dans le sens du modernisme le plus dur. Elle défend avec vigueur la messe traditionnelle.

Les collaborateurs signent par des pseudonymes : ce sont en effet pour la plupart des prêtres du diocèse. Plusieurs figures se dégagent de ce combat : celle de Michel Duchochois, Jean Dequeker, Pierre Müller, Bernard Wacongne, et surtout Paul Scortesco. Cet écrivain de renom, vaillant défenseur de la Foi, sera retrouvé brûlé vif dans son lit. Les circonstances réelles et suspectes de son décès sont à jamais inexpliquées.

Dans cette cité mariale, l’influence du clergé restera longtemps importante. Et le sanctuaire fait bon ménage avec une municipalité officiellement socialiste et maçonnique. C’est dire si les réformes vont bon train. Hormis un vieux prêtre qui s’obstine à préserver une messe de Saint Pie V, on peut dire qu’en 1969, le modernisme a gangrené toutes les paroisses. Il en est de même des écoles et des collèges. Le Supérieur du principal collège devient teilhardien. Les professeurs abandonnent la soutane. Le reste suit. Une page de l’histoire de l’Eglise à Boulogne semble être définitivement tournée par le recteur de la Basilique Notre Dame. Les innovations liturgiques les plus insolites ont cours. Tous ont l’impression de respirer cet air frais qu’avait souhaité le bon pape Jean XXIII en ouvrant sa fenêtre le jour où il décida de réunir un concile. Ce concile Vatican II qui, quarante ans plus tard, exerce toujours ses ravages.

En 1971 s’installe un jeune médecin, J.P. Dickès, un ancien séminariste dont la vocation religieuse avait été broyée par l’esprit nouveau. Il racontera son histoire dans un ouvrage « La Blessure » qui eut un retentissement considérable et sera traduit en allemand. En 1975 il rassemble quelques personnes dans son salon. De Lille vient à l’insu de son Ordre un jésuite portant la sainteté sur son visage. Avec lui, un espoir, une espérance : il réconforte ce petit troupeau apeuré qui se raccroche désespérément à la messe traditionnelle de Saint Pie V. Quelle émotion lors de cette première messe sur un autel improvisé ! Très vite se rassemblera un noyau dur rejoint par l’ancien député maire de la ville Maître Jean Febvay, un modéré qui perdit le majorat à la suite de manœuvres du M.R.P. (Démocratie Chrétienne).

Mais très vite, le groupe de traditionalistes sera accueilli au château de Maquinghem, près de la Capelle-les Boulogne. Ce château appartenait à une famille de notables faisant partie de l’aristocratie du poisson. Bien que mariée à un norvégien protestant, la châtelaine, Madame Milius, fera durant des années tout ce qui sera en son pouvoir pour aider la Tradition. Cette grande dame se débrouilla pour trouver tout ce qui était nécessaire pour le service liturgique et notamment les ornements sacerdotaux. Elle mit même un logement complet au service du prêtre. Lequel trouvait au château gîte et couvert.

Mgr Lefebvre à la chapelle du Château d'Ordre, à Macquinghem à Baincthun

Mgr Lefebvre à la chapelle du Château d’Ordre, à Macquinghem à Baincthun

Mais quels prêtres ? Encore fallait-il en trouver ! Et dès le lundi commençaient les coups de téléphone. Mais aussi les déplacements dans toute la France et en Belgique. Certains prêtres étaient en effet trop âgés pour prendre le train. On vit ainsi le père Simon, le père Vinson, l’abbé Dinh Vin Son, l’abbé Cottin, l’abbé Gentilhomme, le père Noché, l’abbé Ruchot et combien d’autres venus une fois pour toujours ou toujours pour une fois. Que de kilomètres furent parcourus pour aller chercher le père Pauwels en Belgique ! Dans presque tous les cas, il s’agissait de prêtres persécutés par leur évêque ou leur ordre. Il fallait tenir à tout prix. Tenir en espérant que Dieu finirait par prendre en pitié ses fidèles.
On comprit bientôt que tout espoir n’était pas perdu. Un évêque pratiquement inconnu du nom de Monseigneur Marcel Lefebvre, un Ch’timi du Nord, était en train de monter un séminaire de Tradition en Suisse. Avec un peu de chance…

photo de Mgr Lefebvre

Et puis sur le plan national s’ébauchait une contre-offensive. Michel de Saint Pierre faisait paraître un roman percutant intitulé « Les Nouveaux Prêtres ». On se rassemblait dans les bois de Monjavoult autour de l’abbé Coache : quelques centaines de personnes. Commencèrent alors de même des processions à Maquinghem. Mais le déclic fut certainement la fameuse messe du 29 août 1976. Monseigneur Lefebvre à la foire commerciale de Lille dénonça pour la première fois en public les dérives du Concile. Conscients de l’enjeu, les Boulonnais marchèrent au son du canon. C’est ainsi qu’en 1982, Monseigneur Marcel Lefebvre revint à Boulogne. Il connaissait la ville : en effet il était présent à une des réunions lors de la fondation du périodique Lumière vingt ans plus tôt. Ce jour-là il confirma 27 enfants dans cette minuscule chapelle trop petite pour contenir tout le monde.

Les premiers prêtres formés à Ecône dans le Valais suisse, commencèrent à arriver en France et un prieuré fut fondé à Croix près de Lille sous la houlette de l’abbé Dutilleul.
La chance voulut que ce prêtre puisse obtenir un bail sur la chapelle Sainte Victoire par le maire d’Hames-Boucres en Calaisis. A cette époque-là, il n’était pas rare, et il n’est toujours pas rare de voir des familles faire 200 km le dimanche pour assister à la Messe. En 1988, l’abbé Cottin desservait toujours la chapelle de Maquinghem. Ce vieux prêtre gyrovague partait toujours après la Messe du Dimanche pour d’interminables tournées d’errance dans toute l’Europe. Aidé par le port de la soutane, il n’avait pas de difficultés à faire de l’auto-stop. Bien qu’ordonné par Monseigneur Lefebvre, il ne rêvait que d’une chose : se faire incardiner dans un diocèse. Et de fait, il finit par trouver une place à Notre Dame de Fourvières de Lyon. Où bien sûr il se rallia à la Nouvelle Messe. Son successeur, l’abbé Ruchot s’était dévoué alors au service de la petite communauté de Maquinghem. Mais il se présentait qu’un vieux prêtre traditionaliste venait de mourir à Pierremont dans la Somme. Ce dernier desservait trois paroisses avec plusieurs centaines de fidèles. Les larmes aux yeux il quitta Maquinghem. L’évêque le fit d’ailleurs expulser des églises à la suite de décisions de justice. Et ce bien qu’il soit soutenu par les trois maires des communes concernées.
Or à cette époque les prêtres les plus âgés avaient rendu leurs âmes à Dieu. On n’en trouvait plus du tout. L’abbé Dutilleul conseilla alors aux Boulonnais d’aller à la Messe à Hames-Boucres ou à la paroisse St Vincent de Paul d’Outreau ; un vieux chanoine du nom de Marcel Deguines maintenait une messe traditionnelle très tôt. Ce dernier avait connu une gloire nationale en organisant des communions solennelles « sauvages » contre la volonté de l’évêque Huyghes qui avait estimé que ce genre de cérémonies devait être supprimé.

Puis il y eut une opération « récupération » de l’évêché au moment où le bon chanoine partit en retraite soudoyé par le vicaire général. Cette belle paroisse est sur le point de fermer ; et les bâtiments de la proche paroisse revendus à la Municipalité pour faire une salle de spectacle. On proposa aux traditionalistes de se regrouper dans une chapelle tenue par des religieuses dont le travail principal était de s’occuper de gens âgés et accessoirement de façonner des hosties. Mais celles-ci manifestèrent vite leur mécontentement. Et cette tentative de conciliation fit long feu.